23 déc. 2011

2012 !!!!!

Nous souhaitons à toutes et à tous de joyeuses fêtes de Noël et une excellente année 2012.

16 déc. 2011

LES 50 ANS D'EUROFLOOR

Fête et devoir de mémoire par Emile Lutgen


C’est par une remise (de fleurs) que les festivités organisées par Eurofloor Revival ont été entamées ;

c’est par une remise (de chèques) qu’elles ont été clôturées.


Remise de fleurs devant la plaque commémorative
de la grève générale du 31 août 1942

 Dans la matinée du 14 octobre, les sept membres du comité Eurofloor Revival, Fernand Thines (président et initiateur),  Nicole Goeders-Jopa, Joëlle Paquay, Henriette Shinn-Pick, Marianne Weber-Thillens, Jean Mabille et Edouard Weisgerber, ont déposé une gerbe de fleurs devant le portail de leur ancien lieu de travail, ou plutôt devant la plaque commémorative fixée au mur de l’ancienne loge de concierge, et ce en présence de plusieurs de leurs anciens directeurs.



Les non-initiés pourraient se demander « pourquoi cette remise de fleurs…, pourquoi à cet endroit? »
Faisons, en guise de réponse, un court historique :
A Wiltz, le travail du cuir remonte jusqu’au 16e siècle. En 1887, la ville comptait 28 tanneries dont deux (Ideal et Lambert) survivaient jusque dans la deuxième moitié du 20e siècle. Entre les deux guerres mondiales, la fabrique de cuir Ideal livrait du cuir fin dans le monde entier et occupait jusqu’à 1 200 personnes. Concurrencée par des unités industrielles étrangères puissamment mécanisées, Ideal dut cesser ses activités en 1960.

C’est dans les anciens bâtiments de la plus importante tannerie wiltzoise qu’Eurofloor, constituée le 18 janvier 1961, a mis en place ses installations de production de revêtements vinyliques.

 C’est quelque 18-19 années plus tôt, devant le grand portail d’Ideal, à l’aube du 31 août 1942, que les vaillants travailleurs ont déclenché la grève générale et fait déferler sur le pays une vague de colère et de dégoût contre le crime allemand de la conscription et de l’annexion.

 La veille, un dimanche, le Gauleiter Gustav Simon proclama à Limpertsberg  (Luxembourg-Ville) l’introduction du service militaire obligatoire pour les Luxembourgeois nés en 1920-1924. Les mouvements de résistance, qui s’y attendaient, décidèrent de faire la grève.

 Emile Gerson, bourgmestre de Wiltz de 1970 à 1981 et député de 1970 à 1984, raconte dans une interview accordée au quotidien Luxemburger Wort, le 29 août 1992 (50e anniversaire de la grève) : Avec Josy Merres et Nuckes Hansen,  je faisais partie du comité des ouvriers d’Ideal. Le dimanche, je me promenais à bicyclette avec mon épouse, lorsque quelqu’un –  je ne le connaissais pas – me lança : « Demain, on fera la grève. » Lundi matin, vers sept heures, je suis arrivé, ensemble avec Nuckes Hansen, à l’usine. Les ouvriers nous attendaient devant le portail. Quand ils virent que les membres du comité refusaient d’entrer, ils restaient eux aussi dehors. Vers sept heures et demie arrivèrent les employés. Ils suivaient notre exemple. (…) Un cortège de manifestants se forma. (…) Malgré les menaces et les arrestations, ce n’est que vers 14 heures que nous sommes entrés à l’usine.

La grève regagna bientôt la ville entière et bon nombre d’autres localités du pays. La réaction nazie a été brutale et cruelle. 21 patriotes, dont quatre enseignants (Alfred Brück, Joseph Ewen, Célestin Lommel et Charles Meiers) et deux fonctionnaires communaux (Nicolas Muller et Michel Worré) de Wiltz, furent fusillés par l’oppresseur à Hinzert (Hunsrueck/D), en début de septembre.

 15 autres Wiltzois étaient amenés au SS-Sonderlager Hinzert, en passant par la prison de Luxembourg-Grund. Parmi eux se trouvait Nicolas Conrardy, le seul des quelque 700 ouvriers d’Ideal à avoir été arrêté par les Allemands, le jour de la grève. Le 3 novembre 1942, il a été remis en liberté. Toutefois, durant la Bataille des Ardennes,  il a été interpellé par des SS (police militarisée du parti nazi), qui prétendaient voir en lui un espion. Forcé de creuser sa propre tombe, il a été fusillé le 22 décembre 1944. 

 Parmi les 15 à être jugés par le Standgericht (cour martiale) figuraient également cinq employés d’Ideal : Nicolas Oestreicher, Martin Paul, François Rasquin, Henri Reimen et Joseph Weiland*. On leur reprochait d’avoir participé au cortège des manifestants. Pour avoir repris le travail l’après-midi du 31 août, ils échappèrent à la peine capitale. Toutefois, ils étaient internés à Dabrowica près de Lublin (à 160 km au sud de Varsovie) et ne purent rejoindre leurs familles, condamnées à la déportation, qu’au cours de l’année 1944. Quant à la rentrée au Grand-Duché, ils devaient patienter jusqu’en mai-juin 1945. (* Tombé gravement malade, Weiland, qui était célibataire, a pu regagner Wiltz « déjà » en février 1944).


Maintenant, on devrait savoir pourquoi la plaque commémorative a été fixée à l’entrée de
l’ancienne tannerie Ideal. On devrait aussi comprendre pourquoi la délégation d’Eurofloor       

Revival y a déposé des fleurs, le 14 octobre dernier… comme l’a fait Ideal jusqu’à sa fermeture… comme l’a fait Eurofloor, chaque 31 août, dans les années 60, 70, 80 et 90… comme le font les membres du gouvernement et du conseil communal, les délégués des associations patriotiques, des entreprises locales et des syndicats d’année en année … comme ils le feront dans les années à venir, devant la plaque commémorative de l’ancienne Ideal (resp. Eurofloor) et devant le Monument National de la Grève, dont Wiltz peut se « vanter » depuis 1956.

 C’est en hommage aux victimes d’août-septembre 1942 que ce monument, conçu par l’artiste luxembourgeois Lucien Wercollier, a été érigé.

 C’est en hommage aux victimes de la Deuxième Guerre Mondiale que Wiltz a reçu le titre honorifique de Cité Martyre. Sur 4 000 habitants, 27 familles comptant 91 personnes étaient déportées, 15 hommes mouraient dans les camps de concentration, 164 jeunes hommes wiltzois étaient contraints par les Allemands à servir dans la Wehrmacht (enrôles de force), alors que 43 jeunes femmes devaient endurer le joug du Reichsarbeitsdienst. 42 Wiltzois sont tombés sur les champs de bataille, 15 restent portés disparus, 21 revenaient invalides de guerre. Quant à la Bataille des Ardennes (décembre 1944-janvier 1945), elle a encore fait 50 victimes supplémentaires, portant les nombre des Morts pour la Patrie wiltzois à 124.

 En 2012, Wiltz se souviendra, pour la 70e fois déjà, du 31 août 1942, jour de la première grève générale en Europe occupée.

 31.08.1942 : N’oublions jamais cette date… n’oublions jamais la mise en garde du célèbre homme d’Etat britannique Winston Churchill : Celui qui oublie son passé se condamne à le revivre.



Remise de chèques à deux associations au centre socio-culturel Prabbeli



Vous êtes nombreux qui avez contribué à la pérennisation de notre société par votre travail, votre esprit d’initiative et d’inventivité, par votre dévouement et votre attachement à la société mais aussi par le climat social constructif qui n’a cessé d’y régner. N’est-ce point un beau bail qui dure depuis 50 ans ! N’est-ce point un moment pour nous revoir, pour échanger quelque peu ce qui nous est commun !
C’est ainsi que se terminait l’invitation que le comité Eurofloor Revival, constitué par des anciens d’Eurofloor à l’initiative de Fernand Thines,  a envoyée le 15 juin 2011 à 310 collaborateurs cadres et employé(e)s  embauchés à Wiltz par Eurofloor resp. Sommer* dans les années 60, 70, 80 et 90. Plus d’un tiers d’entre eux, 125 pour être précis, ont tenu à être présents, le 14 octobre.

 Ensemble, ils ont participé à une visite guidée de l’usine Tarkett* à Lentzweiler, où le directeur général Jean Sébastien Moinier leur a réservé un accueil chaleureux. (* En 1978, Eurofloor a été rattachée au groupe Sommer Allibert pour constituer Sommer ; en 1997, Sommer a fusionné avec la société Tarkett, formant ainsi un nouveau groupe, Tarkett Sommer AG, l’actuel numéro un mondial de revêtements plastiques.)



Suite au buffet offert par la direction de Tarkett dans un hôtel de Clervaux et en présence des anciens directeurs d’Eurofloor Gilbert Franck, Marc Assa, René Bomboire, Edouard Weisgerber et Louis Morette, les organisateurs d’Eurofloor Revival ont décidé de faire une quête et d’en faire don à deux organisations occupant des handicapés mentaux : L’asbl Foyer Eisleker Heem Lullange et l’asbl Coopérations Wiltz.

 Fondée en 1979, l'asbl Eisleker Heem accueille au Foyer d’hébergement à Lullange des personnes avec un handicap mental léger ou moyen, en priorité originaires de la région. Le but de l’asbl est, entre autre, l'ambition tenace de garantir aux personnes admises au Foyer une atmosphère familiale protectrice et agréable, une éducation et une instruction adaptées, ainsi qu'autant que possible leur intégration dans la vie sociale.


En 1981 déjà, l’Eisleker Heem avait reçu un chèque de la part d’Eurofloor. Le 11 avril, un samedi, une Journée Portes Ouvertes Eurofloor-Eurosol, attirant 1 500 visiteurs, avait été organisée. Une soixantaine de salariés avait consacré gracieusement leur temps à cette organisation. Le don de leur temps joint au concours de la société et de ses fournisseurs avaient permis de faire bénéficier deux foyers de handicapés – Ateliers Protégés de Bastogne et Foyer Eisleker Heem Lullange – d’un montant total dépassant 1,7 millions de francs, soit plus de 42 500 €.

 L’asbl Coopérations Wiltz  a été fondée en 1990. La fusion entre les activités du centre socio- culturel Prabbeli et du programme de Coopérations, en 2004, a donné naissance à un nouveau modèle : un atelier protégé où des personnes souffrant d’un handicap et des chômeurs de longue durée se voient proposer du travail, des formations et d’autres activités culturelles.

 C’est le 25 novembre dernier que les membres du comité Eurofloor Revival ont remis les deux chèques à Robert Dichter, président, et Romain Scholtes, directeur du Foyer Eisleker Heem ainsi qu’à Annette Hettinger-De Rond, présidente du conseil d’administration, et Herbert Maly, directeur de l’asbl Coopérations Wiltz.
La seconde édition d’Eurofloor Revival aura lieu dans cinq années.

                                                                                                                      Emile Lutgen