C’était le 1er avril 1965 .
Engagé par ICET ( International Center for Economy and Technology ) , Rixensart , j’étais envoyé en stage chez Eurofloor qui était un peu son enfant en tant que 1ère concrétisation d’une " gestion de groupe " des usines et sociétés Balatum .
Bien ! mais c’est où Wiltz ???
Supersticieux – poisson d’avril - j’ai fait le voyage le 31 mars .
Le 1er avril , matinal comme nous l’étions tous à l’époque , je me suis présenté à l’usine .Premier entretien avec Fernand Kass , Secrétaire Général .Celui-ci m’a ensuite introduit dans un bureau quelque peu sombre où le bois était dominant et le soleil sans doute toujours absent .Comité de réception de choix : Gilbert Franck ,Directeur Général –Louis Boigelot , Directeur d’Exploitation et Henri Biermann ,Directeur Commercial .Après les explications d’usage sur l’organisation de la société , ses activités , Henri Biermann me tend un " cadeau "que je saisis avec précaution mais aussi inquiétude . Jamais vu pareil engin !!! cela coulisse….ce n’est point un trombonne… mais bien une règle à calculer !!! elle ne doit plus vous quitter , me dit-on , car, à partir de demain ,elle vous servira à établir le programme de fabrication de l’usine .(J’appris , par la suite, que chacun , à l’arrivée d’un nouveau, tâchait de lui refiler cette charge , lieu de rencontre et de conciliation d’intérêts ou impératifs souvent divergents.)Ainsi , non sans inquiétude ,ai-je été amené dés le 1er jour à me colleter avec les vitesses-machines , les en- cours , les pannes machines …Pas évident pour un juriste mais n’était-ce point là la meilleure manière pour comprendre le processus de fabrication , les aléas de celui-ci , les exigences commerciales , les interactions entre achats-matières , production , ventes , stocks et finances mais , avant tout ,de rencontrer les personnes en charge de ces questions et de se sentir membre d’une équipe … et quelle équipe !
Mon stage ou détachement était prévu initialement pour 3 mois ; il dura en réalité 8 mois me donnant l’occasion de travailler sur un autre sujet de préoccupation : les stocks et , notamment ,le stock de Balanil inondé .
Pour l’anecdote - en raison de travaux effectués à Wiltz - c’est à Schimpach , dans les locaux de la Protection Civile où l’équipe de Fernand Kass s’était transportée avec papiers et bagages , que l’ébauche du budget 1966 a été élaborée .
J’eus la chance aussi de partager le bureau de Ketty Wiesen . Celle-ci , au départ de chiffres venant de tous côtés , collectés notamment par Catherine Weis et ses collègues Bock et Daubach , établissait les prix de revient de l’usine .Pour ce faire , elle s’aidait d’une machine à calculer faisant un bruit épouvantable qui fonctionnait avec une manivelle qu’il fallait faire tourner en avant , en arrière La" divisumma 24 "d’Olivetti ne vint que plus tard .
Ketty Wiesen établissait des tableaux de chiffres dans un alignement de chiffres impeccable que n’auraient certainement pas démenti les militaires lors de leur défilé annuel .Alignement parfait des chiffres , calligraphie exemplaire … du bel ouvrage .
Femme remarquable que Ketty Wiesen , une forte personnalité maîtrisant son sujet , emplie d’humour de modestie et d’assurance tranquille , ne se prenant jamais au sérieux , au rire communicatif . D’une extrême gentillesse à mon égard , elle fut également d’une grande aide pour me faire pénétrer dans l’univers des chiffres .Elle a été importante pour moi .Mais la vie de Ketty ne s’arrêtait pas à Eurofloor ."Joffer "Ketty était aussi débordante de vie et de rire .Dés le travail terminé elle rejoignait " le Vieux Château " pour former avec Madame Lampertz et la nièce de celle-ci , Lucie , un trio de Grâces et d’accueil .
Si le 18 janvier dernier Eurofloor fêtait ses 50 ans de constitution , c’était aussi ce 26 janvier un autre anniversaire , celui de sa première centenaire : Ketty Wiesen . Un mois à peine après , son temps accompli , Ketty nous quittait .
Jean Mabille
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